Appel à communication
Le 111207
Les mots du développement :
genèse, usages et circulations
Colloque
Association Recherche et Régulation, Université de Picardie Jules Verne
Centre d’Economie de la Sorbonne - Université Paris I,
Centre de Recherche Politique de la Sorbonne (CRPS),
Centre de Recherche sur l’Industrie, les Institutions et les Systèmes Economiques, d’Amiens
(UPJVCRIISEA),
Groupement d’Intérêt Scientifique pour l’étude de la mondialisation et du développement (GEMDEV),
IRISES-Université Paris Dauphine.
13-14 Novembre 2008
Lieu : Paris ou région parisienne
Enjeux et objet d’un colloque pluridisciplinaire
Depuis le début des années 1980, les politiques, comme les recherches, consacrées à la question du
développement ont été les champs d’une rupture radicale.
D’une part, en effet, l’échec des politiques d’industrialisation et de croissance à caractère « autocentré »
déployées à partir de la fin des années 1950, dans nombre de pays « en voie de développement », y a entraîné de
nouvelles stratégies de transformation économique et sociale, où la promotion de la propriété privée et la
« libéralisation » des prix, des échanges et des mouvements de capitaux tiennent désormais une place centrale.
De ce point de vue, les réformes économiques mises en oeuvre dans des pays à structures politiques aussi
distinctes, voire opposées, que la Chine communiste (dès 1978), l’Inde (à partir de 1984), le Mexique et la
Turquie (au milieu des années 1980), l’Iran islamique (depuis 1989), ou encore l’Egypte (depuis la fin des
années 1980) sont quelques exemples saillants, parmi bien d’autres, qui portent témoignage de la convergence,
bien avant l’effondrement du système soviétique (en 1991), des politiques de développement vers des modèles
économiques et sociaux ayant pour matrice commune « l’économie de marché ».
D’autre part, dès le début de la décennie 1980, cet infléchissement des politiques entre en interaction avec
l’évolution des idées, en sorte que l’éclipse des modèles de développement à orientation « radicale »
(d’inspiration marxiste et/ou nationale…) a pour corollaire l’abandon de leurs présupposés doctrinaux,
idéologiques et théoriques. D’où la disparition massive, dans la littérature hétérodoxe axée sur le développement,
des catégories analytiques, à vocation à la fois positive (comme l’« échange inégal » et l’« accumulation
dépendante ») et normative (comme le « changement social »), immanentes à ces modèles et dominantes jusqu’à
la fin des années 1970.
C’est dans un tel contexte de métamorphose des politiques et des idées que surgissent, à l’orée des années
1990, de nouveaux concepts et de nouveaux termes qui structurent désormais le champ des études centrées sur le
thème du développement. Et le but de ce colloque est de réfléchir aux conditions qui régissent la production,
l’utilisation et l’évolution des « mots » et des discours relatifs au développement depuis cette période. Pour ce
faire, ce colloque sera placé sous le signe d’une approche pluridisciplinaire, rassemblant les diverses disciplines
des sciences sociales, en particulier, le droit, la science politique, la sociologie, l’anthropologie, la sociolinguistique,
la géographie et l’économie. Il insistera sur la valeur heuristique du terrain et de la pratique
d’acteurs impliqués dans des « actions » de développement, dans la recherche « sur » le développement, en
relation directe avec les usagers des mots. Ce faisant, on essaiera de percer à jour, au sein des champs politique,
social et économique, le rapport des divers groupes sociaux, des détenteurs des pouvoirs (politique et
économique), ainsi que des différentes « autorités » et institutions, aux vocables du développement. Il s’agit, en
d’autres termes, de s’interroger sur les médiations au travers desquelles une fraction de ces agents forge et
façonne les notions du développement, tandis que d’autres les reçoivent, les intègrent, ou, au contraire, les réinterprètent,
en leur assignant, le cas échéant, de nouvelles significations en marge de leur sens originel. Le
colloque tentera donc également de clarifier les présupposés théoriques et méthodologiques mobilisés dans
l’usage, la circulation, la production, l’adoption, l’emprunt, etc. de ces vocables.
Depuis le début des années 1980, les politiques, comme les recherches, consacrées à la question du
développement ont été les champs d’une rupture radicale.
D’une part, en effet, l’échec des politiques d’industrialisation et de croissance à caractère « autocentré »
déployées à partir de la fin des années 1950, dans nombre de pays « en voie de développement », y a entraîné de
nouvelles stratégies de transformation économique et sociale, où la promotion de la propriété privée et la
« libéralisation » des prix, des échanges et des mouvements de capitaux tiennent désormais une place centrale.
De ce point de vue, les réformes économiques mises en oeuvre dans des pays à structures politiques aussi
distinctes, voire opposées, que la Chine communiste (dès 1978), l’Inde (à partir de 1984), le Mexique et la
Turquie (au milieu des années 1980), l’Iran islamique (depuis 1989), ou encore l’Egypte (depuis la fin des
années 1980) sont quelques exemples saillants, parmi bien d’autres, qui portent témoignage de la convergence,
bien avant l’effondrement du système soviétique (en 1991), des politiques de développement vers des modèles
économiques et sociaux ayant pour matrice commune « l’économie de marché ».
D’autre part, dès le début de la décennie 1980, cet infléchissement des politiques entre en interaction avec
l’évolution des idées, en sorte que l’éclipse des modèles de développement à orientation « radicale »
(d’inspiration marxiste et/ou nationale…) a pour corollaire l’abandon de leurs présupposés doctrinaux,
idéologiques et théoriques. D’où la disparition massive, dans la littérature hétérodoxe axée sur le développement,
des catégories analytiques, à vocation à la fois positive (comme l’« échange inégal » et l’« accumulation
dépendante ») et normative (comme le « changement social »), immanentes à ces modèles et dominantes jusqu’à
la fin des années 1970.
C’est dans un tel contexte de métamorphose des politiques et des idées que surgissent, à l’orée des années
1990, de nouveaux concepts et de nouveaux termes qui structurent désormais le champ des études centrées sur le
thème du développement. Et le but de ce colloque est de réfléchir aux conditions qui régissent la production,
l’utilisation et l’évolution des « mots » et des discours relatifs au développement depuis cette période. Pour ce
faire, ce colloque sera placé sous le signe d’une approche pluridisciplinaire, rassemblant les diverses disciplines
des sciences sociales, en particulier, le droit, la science politique, la sociologie, l’anthropologie, la sociolinguistique,
la géographie et l’économie. Il insistera sur la valeur heuristique du terrain et de la pratique
d’acteurs impliqués dans des « actions » de développement, dans la recherche « sur » le développement, en
relation directe avec les usagers des mots. Ce faisant, on essaiera de percer à jour, au sein des champs politique,
social et économique, le rapport des divers groupes sociaux, des détenteurs des pouvoirs (politique et
économique), ainsi que des différentes « autorités » et institutions, aux vocables du développement. Il s’agit, en
d’autres termes, de s’interroger sur les médiations au travers desquelles une fraction de ces agents forge et
façonne les notions du développement, tandis que d’autres les reçoivent, les intègrent, ou, au contraire, les réinterprètent,
en leur assignant, le cas échéant, de nouvelles significations en marge de leur sens originel. Le
colloque tentera donc également de clarifier les présupposés théoriques et méthodologiques mobilisés dans
l’usage, la circulation, la production, l’adoption, l’emprunt, etc. de ces vocables.
Problématique
Depuis quelques décennies, les mots du développement changent. Aujourd’hui, on parle moins « d’échange
inégal » et plus « d’ajustement structurel », moins de « politique industrielle » et plus de « stabilité
macroéconomique », un concept attrayant mais flou, « développement durable » fait irruption… Qui ne voit que
ce changement dans les mots correspond à des changements dans les choses ? En fait, le changement dans les
mots indique un changement dans la manière de voir les choses, dans la manière de définir (de poser) la question
du développement – et par conséquent les politiques à mettre en place. Ainsi, un certain lexique est utilisé pour
parler du développement. Ce vocabulaire n’est évidemment pas neutre dans la mesure où il est l’indicateur des
façons de concevoir les problèmes du développement, les priorités et les politiques à mener dans les pays
concernés. Il nous renseigne aussi à propos des acteurs qui parlent du développement. Le pouvoir des mots du
développement de mettre en forme les maux du développement, c’est-à-dire de les porter à l’existence d’une
certaine manière et pas d’une autre, charrie nécessairement des enjeux décisifs. On ne s’étonnera donc pas qu’ils
soient l’objet de grandes rivalités entre les acteurs académiques, politiques et professionnels qui parlent au nom
du développement. Autrement dit, les mots du développement nous en apprennent au moins autant sur ses
acteurs et ses politiques que sur le Développement lui-même.
C’est pourquoi, on se propose de saisir ici le développement du point de vue d’une construction discursive,
idéelle, politique et culturelle d’une certaine réalité sociale par un ensemble d’acteurs qui composent le champ
du développement, et qui varie selon les contextes (historique, politique, économique, social, académique, etc.)
internes et externes à ce champ. Bien sûr tous les acteurs ne sont pas égaux dans le champ du développement :
les uns sont surtout des producteurs de mots, d’autres plutôt des propagateurs, d’autres enfin sont voués à se les
voir appliquer ; certains imposent, ou tentent de le faire, d’autres subissent, ou croient le faire, résistent,
combattent pour des contenus sémantiques lourds d’effets performatifs. La signification des mots du
développement peut évoluer en fonction de leur trajectoire, de leur utilisation et de leur réappropriation par les
différents acteurs. Le développement a ainsi l’histoire de ses mots et des politiques qu’ils induisent. La
complexité des processus de production, de circulation et de réception des mots du développement, celle des
processus par lesquels ils produisent leurs effets, appellent à l’évidence une lecture pluridisciplinaire.
Les mêmes vocables sont utilisés dans différentes sphères – disciplinaires, professionnelles, linguistiques,
culturelles, juridiques, historiques…- mais n’ont pas forcément le même sens : il peut y avoir désaccord de
divers points de vue : idéologique, étymologique, fonctionnel… Dans le domaine du développement, ces sphères
et leurs usages des mots sont en interaction, et il peut en découler des malentendus, des désaccords, voire des
conflits de reconnaissance, de prééminence, non seulement autour du sens d’un mot, mais aussi de la part du
corps disciplinaire, institutionnel, et professionnel qui le promeut.
Ces deux postures épistémologiques structureront l’organisation du colloque, dont l’objet sera d’étudier le
procès de formation/transformation et les usages des mots du développement, sur un plan théorique, mais aussi
à un niveau intermédiaire, inscrivant la naissance et les mutations des mots du développement dans le cadre des
expériences nationales, institutionnelles, professionnelles qui les sous-tendent.
Parmi ces mots peuvent figurer ceux de « capital social », « informel », « gouvernance », « développement
durable », « sustainability », « participation », « société civile », « rente », « communauté », « solidarité », ou
encore « genre », « droits » (de l’homme, humains, sociaux, de propriété…), planification, dépendance,
transition, modes de production… : des mots marqués par leur origine, leur polysémie, leur oubli ou
marginalisation parfois puis leur réémergence, leur euphémisation. Certains ont donné corps à des écrits déjà
bien nombreux ; d’autres, pourtant moins répandus et moins analysés, pourraient également être retenus pour
leur pertinence, mais aussi pour leurs implications dans la réalité, et parce que tout n’a pas encore été dit sur la
pluralité des champs qu’ils recouvrent, et les enjeux qu’ils portent : il en est ainsi, entre autres, de « sécurité »
(qui fait l’objet d’usages militaires versus des usages dans le domaine du développement…),
d’« empowerment », ou encore d’« humanitaire » (pour les ONG laïques versus chrétiennes versus islamistes),
de « décommodification ».
Depuis quelques décennies, les mots du développement changent. Aujourd’hui, on parle moins « d’échange
inégal » et plus « d’ajustement structurel », moins de « politique industrielle » et plus de « stabilité
macroéconomique », un concept attrayant mais flou, « développement durable » fait irruption… Qui ne voit que
ce changement dans les mots correspond à des changements dans les choses ? En fait, le changement dans les
mots indique un changement dans la manière de voir les choses, dans la manière de définir (de poser) la question
du développement – et par conséquent les politiques à mettre en place. Ainsi, un certain lexique est utilisé pour
parler du développement. Ce vocabulaire n’est évidemment pas neutre dans la mesure où il est l’indicateur des
façons de concevoir les problèmes du développement, les priorités et les politiques à mener dans les pays
concernés. Il nous renseigne aussi à propos des acteurs qui parlent du développement. Le pouvoir des mots du
développement de mettre en forme les maux du développement, c’est-à-dire de les porter à l’existence d’une
certaine manière et pas d’une autre, charrie nécessairement des enjeux décisifs. On ne s’étonnera donc pas qu’ils
soient l’objet de grandes rivalités entre les acteurs académiques, politiques et professionnels qui parlent au nom
du développement. Autrement dit, les mots du développement nous en apprennent au moins autant sur ses
acteurs et ses politiques que sur le Développement lui-même.
C’est pourquoi, on se propose de saisir ici le développement du point de vue d’une construction discursive,
idéelle, politique et culturelle d’une certaine réalité sociale par un ensemble d’acteurs qui composent le champ
du développement, et qui varie selon les contextes (historique, politique, économique, social, académique, etc.)
internes et externes à ce champ. Bien sûr tous les acteurs ne sont pas égaux dans le champ du développement :
les uns sont surtout des producteurs de mots, d’autres plutôt des propagateurs, d’autres enfin sont voués à se les
voir appliquer ; certains imposent, ou tentent de le faire, d’autres subissent, ou croient le faire, résistent,
combattent pour des contenus sémantiques lourds d’effets performatifs. La signification des mots du
développement peut évoluer en fonction de leur trajectoire, de leur utilisation et de leur réappropriation par les
différents acteurs. Le développement a ainsi l’histoire de ses mots et des politiques qu’ils induisent. La
complexité des processus de production, de circulation et de réception des mots du développement, celle des
processus par lesquels ils produisent leurs effets, appellent à l’évidence une lecture pluridisciplinaire.
Les mêmes vocables sont utilisés dans différentes sphères – disciplinaires, professionnelles, linguistiques,
culturelles, juridiques, historiques…- mais n’ont pas forcément le même sens : il peut y avoir désaccord de
divers points de vue : idéologique, étymologique, fonctionnel… Dans le domaine du développement, ces sphères
et leurs usages des mots sont en interaction, et il peut en découler des malentendus, des désaccords, voire des
conflits de reconnaissance, de prééminence, non seulement autour du sens d’un mot, mais aussi de la part du
corps disciplinaire, institutionnel, et professionnel qui le promeut.
Ces deux postures épistémologiques structureront l’organisation du colloque, dont l’objet sera d’étudier le
procès de formation/transformation et les usages des mots du développement, sur un plan théorique, mais aussi
à un niveau intermédiaire, inscrivant la naissance et les mutations des mots du développement dans le cadre des
expériences nationales, institutionnelles, professionnelles qui les sous-tendent.
Parmi ces mots peuvent figurer ceux de « capital social », « informel », « gouvernance », « développement
durable », « sustainability », « participation », « société civile », « rente », « communauté », « solidarité », ou
encore « genre », « droits » (de l’homme, humains, sociaux, de propriété…), planification, dépendance,
transition, modes de production… : des mots marqués par leur origine, leur polysémie, leur oubli ou
marginalisation parfois puis leur réémergence, leur euphémisation. Certains ont donné corps à des écrits déjà
bien nombreux ; d’autres, pourtant moins répandus et moins analysés, pourraient également être retenus pour
leur pertinence, mais aussi pour leurs implications dans la réalité, et parce que tout n’a pas encore été dit sur la
pluralité des champs qu’ils recouvrent, et les enjeux qu’ils portent : il en est ainsi, entre autres, de « sécurité »
(qui fait l’objet d’usages militaires versus des usages dans le domaine du développement…),
d’« empowerment », ou encore d’« humanitaire » (pour les ONG laïques versus chrétiennes versus islamistes),
de « décommodification ».
Les deux axes structurants du colloque
1 - Les acteurs des mots du développement . On privilégiera ici une entrée par les acteurs dans une
perspective à la fois historique et dynamique : quelles sont les catégories d’acteurs sociaux, d’autorités,
d’institutions et de pouvoirs à l’origine de l’élaboration, l’imposition et l’institutionnalisation de ces mots ?
Corrélativement, perce la question du sens de ces derniers. Car, à peine « produit », chaque mot constitue,
potentiellement, un objet de discorde et, partant, un opérateur de conflits de légitimité et d’hégémonie. Dans
cette perspective, qui est le plus légitime à dire le sens de chaque terme ? Qui a la puissance de s’approprier,
normaliser une définition, l’imposer aux acteurs d’un domaine ? Les outils, les arguments, les références, voire
les « armes », mobilisés dans ces conflits sont divers : retours au sens « originel »; classement des producteurs de
mots et de leurs usagers en fonction de leur capital symbolique et politique, leur langue (du moment que
accountability ou capability sont intraduisibles en français, ce sont ceux qui parlent anglais qui en connaissent le
vrai sens) ou selon le degré de leur reconnaissance (les chercheurs sont plus à même de décider ce que le mot
veut dire que les opérateurs, les savants que les profanes, les anglophones que les autres, etc…) ou encore selon
leur pouvoir (la définition administrative ou juridique pourrait être prééminente parce qu’elle a le plus d’effet
dans la réalité, et qu’elle est la plus rigide). Il convient, par ailleurs, d’appréhender les « faits » au prisme des
enjeux, des discours et de leurs effets : comment crée-t-on une réalité en inventant une catégorie, pourquoi et
comment la capacité linguistique est-elle devenue fondamentale pour certains acteurs (ONG, experts, etc…) ?
Comment les enjeux de communication sont-ils mis en oeuvre ; qui s’adresse à qui et comment (en quelle langue,
au travers de quels médias) ; et, finalement, qu’est ce qui se dit ? Comment se construit une dynamique
d’amplification des effets d’hégémonie (par des financements de programmes, la mainmise sur des outils de
communication…) ?
2 – L’agir des mots du développement. Dans cet axe, l’entrée privilégiera les mots eux-mêmes et leurs effets
performatifs, inscrits dans le cadre des espaces et des champs politique, économique et social où ils se
déploient. En évitant d’imposer la seule légitimité historique, supérieure, on tentera de retracer les trajectoires
des vocables : en d’autres termes, inscrire les origines attestées, puis les héritages et les circulations, les acteurs
porteurs dans leurs contextes politique, fonctionnel et économique, dans leurs débouchés doctrinaux ou
opérationnels. On examinera les rôles de passeurs (que peuvent jouer des administrations, des organisations, des
experts, des chercheurs, des traducteurs, des rédacteurs, des formations universitaires ou humanitaires…), les
jeux de diffusion, d’imposition, de réappropriation, les vecteurs (communication, guerre, financements,
publication…), les passages du domaine savant au domaine des praticiens et à celui des politiques, dans un sens
ou un autre, ou d’une discipline à l’autre.
1 - Les acteurs des mots du développement . On privilégiera ici une entrée par les acteurs dans une
perspective à la fois historique et dynamique : quelles sont les catégories d’acteurs sociaux, d’autorités,
d’institutions et de pouvoirs à l’origine de l’élaboration, l’imposition et l’institutionnalisation de ces mots ?
Corrélativement, perce la question du sens de ces derniers. Car, à peine « produit », chaque mot constitue,
potentiellement, un objet de discorde et, partant, un opérateur de conflits de légitimité et d’hégémonie. Dans
cette perspective, qui est le plus légitime à dire le sens de chaque terme ? Qui a la puissance de s’approprier,
normaliser une définition, l’imposer aux acteurs d’un domaine ? Les outils, les arguments, les références, voire
les « armes », mobilisés dans ces conflits sont divers : retours au sens « originel »; classement des producteurs de
mots et de leurs usagers en fonction de leur capital symbolique et politique, leur langue (du moment que
accountability ou capability sont intraduisibles en français, ce sont ceux qui parlent anglais qui en connaissent le
vrai sens) ou selon le degré de leur reconnaissance (les chercheurs sont plus à même de décider ce que le mot
veut dire que les opérateurs, les savants que les profanes, les anglophones que les autres, etc…) ou encore selon
leur pouvoir (la définition administrative ou juridique pourrait être prééminente parce qu’elle a le plus d’effet
dans la réalité, et qu’elle est la plus rigide). Il convient, par ailleurs, d’appréhender les « faits » au prisme des
enjeux, des discours et de leurs effets : comment crée-t-on une réalité en inventant une catégorie, pourquoi et
comment la capacité linguistique est-elle devenue fondamentale pour certains acteurs (ONG, experts, etc…) ?
Comment les enjeux de communication sont-ils mis en oeuvre ; qui s’adresse à qui et comment (en quelle langue,
au travers de quels médias) ; et, finalement, qu’est ce qui se dit ? Comment se construit une dynamique
d’amplification des effets d’hégémonie (par des financements de programmes, la mainmise sur des outils de
communication…) ?
2 – L’agir des mots du développement. Dans cet axe, l’entrée privilégiera les mots eux-mêmes et leurs effets
performatifs, inscrits dans le cadre des espaces et des champs politique, économique et social où ils se
déploient. En évitant d’imposer la seule légitimité historique, supérieure, on tentera de retracer les trajectoires
des vocables : en d’autres termes, inscrire les origines attestées, puis les héritages et les circulations, les acteurs
porteurs dans leurs contextes politique, fonctionnel et économique, dans leurs débouchés doctrinaux ou
opérationnels. On examinera les rôles de passeurs (que peuvent jouer des administrations, des organisations, des
experts, des chercheurs, des traducteurs, des rédacteurs, des formations universitaires ou humanitaires…), les
jeux de diffusion, d’imposition, de réappropriation, les vecteurs (communication, guerre, financements,
publication…), les passages du domaine savant au domaine des praticiens et à celui des politiques, dans un sens
ou un autre, ou d’une discipline à l’autre.
Comité scientifique :
1. Michel Agier (anthropologue, IRD et EHESS)
2. Laetitia Atlani-Duault (anthropologue, MC Université Lyon II),
3. Jean-Claude Barbier (sociologue, Directeur de recherche CNRS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
CNRS, Centre d'économie de la Sorbonne)
4. Irène Bellier (Anthropologue, DR CNRS, LAIOS, IAAC CNRS / EHESS ; Institut Interdisciplinaire
d’Anthropologie Contemporaine)
5. Jean Copans (anthropologue, Université Paris V René Descartes),
6. Jean-Marie Harribey (Economiste, MC Université Bordeaux IV – GREThA– UMR-CNRS 5113 )
7. Barbara Harris-White (Politologue, Oxford University, Dept of International Development ; Queen
Elizabeth House),
8. Béatrice Hibou (Politologue, CNRS/CERI-Sciences Po),
9. Philippe Hugon (Economiste, Professeur émérite Paris X Nanterre.),
10. Michèle Leclerc-Olive (Sociologue, Centre d'Étude des Mouvements Sociaux (CEMS-IMM) de
l'EHESS; UMR8178),
11. Féderico Neiburg (Sociologue, Professeur d’Anthropologie Sociale – Départment d’Anthropologie –
Museu Nacional (UFRJ), Rio de Janeiro, Brasil)
12. Christian Palloix (Economiste, Professeur émérite, Université de Picardie Jules Verne – Centre de
recherche sur l’industrie, les institutions et les systèmes économiques d’Amiens (UPJV-CRIISEA),
13. Hélène Rivière d'Arc (Géographe, CNRS CREDAL),
14. Ebrima Sall (Sociologue, CODESRIA Dakar),
15. Patrick Schembri (Economiste, Université de Versailles St Quentin, C3ED, GEMDEV)
16. Jean-Fabien Steck (Géographe, Université de Nanterre, GECKO ; GEMDEV)
17. Bruno Théret (Economiste, IRISES, UMR 7170 CNRS- Université Paris Dauphine)
18. Michel Vernières (Economiste, Professeur émérite, Université de Paris 1 - MATISSE-CES et GEMDEV)
19. Christine Verschuur (Sociologue, IUED Genève)
1. Michel Agier (anthropologue, IRD et EHESS)
2. Laetitia Atlani-Duault (anthropologue, MC Université Lyon II),
3. Jean-Claude Barbier (sociologue, Directeur de recherche CNRS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
CNRS, Centre d'économie de la Sorbonne)
4. Irène Bellier (Anthropologue, DR CNRS, LAIOS, IAAC CNRS / EHESS ; Institut Interdisciplinaire
d’Anthropologie Contemporaine)
5. Jean Copans (anthropologue, Université Paris V René Descartes),
6. Jean-Marie Harribey (Economiste, MC Université Bordeaux IV – GREThA– UMR-CNRS 5113 )
7. Barbara Harris-White (Politologue, Oxford University, Dept of International Development ; Queen
Elizabeth House),
8. Béatrice Hibou (Politologue, CNRS/CERI-Sciences Po),
9. Philippe Hugon (Economiste, Professeur émérite Paris X Nanterre.),
10. Michèle Leclerc-Olive (Sociologue, Centre d'Étude des Mouvements Sociaux (CEMS-IMM) de
l'EHESS; UMR8178),
11. Féderico Neiburg (Sociologue, Professeur d’Anthropologie Sociale – Départment d’Anthropologie –
Museu Nacional (UFRJ), Rio de Janeiro, Brasil)
12. Christian Palloix (Economiste, Professeur émérite, Université de Picardie Jules Verne – Centre de
recherche sur l’industrie, les institutions et les systèmes économiques d’Amiens (UPJV-CRIISEA),
13. Hélène Rivière d'Arc (Géographe, CNRS CREDAL),
14. Ebrima Sall (Sociologue, CODESRIA Dakar),
15. Patrick Schembri (Economiste, Université de Versailles St Quentin, C3ED, GEMDEV)
16. Jean-Fabien Steck (Géographe, Université de Nanterre, GECKO ; GEMDEV)
17. Bruno Théret (Economiste, IRISES, UMR 7170 CNRS- Université Paris Dauphine)
18. Michel Vernières (Economiste, Professeur émérite, Université de Paris 1 - MATISSE-CES et GEMDEV)
19. Christine Verschuur (Sociologue, IUED Genève)
Comité d’organisation :
1. Christian Azaïs (Socio-économiste, Université de Picardie Jules Verne, IRISES UMR 7170 Université
Paris Dauphine
2. Jean-Cartier Bresson (Economiste, Université de Versailles St Quentin (C3ED, UMR UVSQ-IRD).
3. Blandine Destremau (Sociologue, CNRS / GRASS),
4. Vincent Géronimi, (Economiste, GEMDEV, UVSQ, Economix)
5. Elsa Lafaye de Micheaux (Economiste, CES, UMR 8174, Université Paris I la Sorbonne – CNRS),
6. Bruno Lautier (Sociologue, IEDES – Université Paris I),
7. Jaime Marques-Pereira (Economiste, Université de Picardie Jules Verne – Centre de Recherche sur
l’Industrie, les Institutions et les Systèmes Economiques, d’Amiens (UPJV-CRIISEA),
8. Ramine Motamed-Nejad (Economiste, Centre d'Economie de la Sorbonne-Université Paris I).
9. Pepita Ould-Ahmed (Economiste, IRD),
10. Stéphanie Treillet (Politologue, IUFM Créteil-Paris 12),
11. Yves Viltard (Politologue, MC, Département de Sciences politiques de la Sorbonne, UFR 11, CRPS,
GEMDEV)
Les propositions de communication (d’une page au maximum), indiquant clairement vos coordonnées et
appartenance institutionnelle, le cadre dans lequel s’ancre votre communication (professionnel, recherche,
autre expérience…), sont à envoyer pour le 1er mars 2008 au plus tard, à :
colloquelesmots@gmail.com
Une réponse vous sera donnée avant le 15 avril, et les textes définitifs seront attendus le 15 octobre 2008
au plus tard.
Le colloque débouchera sur une ou plusieurs publications. La Revue Tiers Monde et la revue La régulation
ont confirmé qu’elles accueilleraient favorablement la publication de certaines des communications sous réserve
d’approbation par le comité de rédaction. Sont également envisagées des publications dans la revue Les mots et
Economie et Institutions.
1. Christian Azaïs (Socio-économiste, Université de Picardie Jules Verne, IRISES UMR 7170 Université
Paris Dauphine
2. Jean-Cartier Bresson (Economiste, Université de Versailles St Quentin (C3ED, UMR UVSQ-IRD).
3. Blandine Destremau (Sociologue, CNRS / GRASS),
4. Vincent Géronimi, (Economiste, GEMDEV, UVSQ, Economix)
5. Elsa Lafaye de Micheaux (Economiste, CES, UMR 8174, Université Paris I la Sorbonne – CNRS),
6. Bruno Lautier (Sociologue, IEDES – Université Paris I),
7. Jaime Marques-Pereira (Economiste, Université de Picardie Jules Verne – Centre de Recherche sur
l’Industrie, les Institutions et les Systèmes Economiques, d’Amiens (UPJV-CRIISEA),
8. Ramine Motamed-Nejad (Economiste, Centre d'Economie de la Sorbonne-Université Paris I).
9. Pepita Ould-Ahmed (Economiste, IRD),
10. Stéphanie Treillet (Politologue, IUFM Créteil-Paris 12),
11. Yves Viltard (Politologue, MC, Département de Sciences politiques de la Sorbonne, UFR 11, CRPS,
GEMDEV)
Les propositions de communication (d’une page au maximum), indiquant clairement vos coordonnées et
appartenance institutionnelle, le cadre dans lequel s’ancre votre communication (professionnel, recherche,
autre expérience…), sont à envoyer pour le 1er mars 2008 au plus tard, à :
colloquelesmots@gmail.com
Une réponse vous sera donnée avant le 15 avril, et les textes définitifs seront attendus le 15 octobre 2008
au plus tard.
Le colloque débouchera sur une ou plusieurs publications. La Revue Tiers Monde et la revue La régulation
ont confirmé qu’elles accueilleraient favorablement la publication de certaines des communications sous réserve
d’approbation par le comité de rédaction. Sont également envisagées des publications dans la revue Les mots et
Economie et Institutions.
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